[Actu-environnement] « Plug, Baby, Plug » ? Oui, mais avec un réseau électrique plus flexible !

L’IA suscite autant d’espoirs que d’inquiétudes et devient un fort enjeu de politique internationale. Cependant Romain Serres de Tilt Energy alerte sur la différence entre l’ambition de la France et ses capacités de développement d’une telle technologie.

Le sommet international sur l’IA s’est déroulé les 10 et 11 février à Paris. Lors de son discours de clôture, Emmanuel Macron a ironisé sur la position américaine en déclarant : « J’ai un bon ami de l’autre côté de l’océan, il dit : “Drill, baby, drill” (Forez, bébé, forez). Ici, il n’y a pas besoin de forer, c’est “Plug, baby, plug” (Branche, bébé, branche) ». Avec cette formule percutante, il a souhaité affirmer que la France dispose des ressources nécessaires pour accueillir les entreprises d’IA énergivores : une électricité bas carbone, abondante et peu coûteuse, rendue possible en grande partie grâce à l’énergie nucléaire.

La saturation de notre réseau électrique menace la transition énergétique

Cette allocution prometteuse et optimiste omet cependant un détail essentiel : notre réseau électrique n’est pas conçu pour absorber massivement de nouveaux usages électriques, tout en intégrant davantage de renouvelables. Aujourd’hui, notre système repose encore lourdement sur des infrastructures rigides, incapables d’ajuster rapidement production et consommation.

En 2023, la France a connu 147 heures de prix négatifs sur le marché de l’électricité (1,7 % du temps) et 235 heures pour le seul premier semestre 2024 (5,4 % du temps). Un gaspillage économique.

Sans mécanismes de flexibilité plus développés, nous serons contraints d’investir massivement dans des moyens de production redondants et coûteux.

Une opportunité économique et environnementale sous-exploité

La flexibilité électrique est une nécessité économique et écologique. Elle permet de rentabiliser les infrastructures existantes, de mieux répartir les consommations et d’éviter l’allumage de centrales polluantes. Selon l’Agence internationale de l’Énergie, améliorer la flexibilité du réseau réduirait les coûts de la transition énergétique de 10 % tout en diminuant les émissions de CO2.

L’IA au service d’une énergie plus intelligente

Alors que nous venons de souligner le rôle de l’IA dans la société, nous négligeons son potentiel dans l’optimisation énergétique. En combinant prévisions météo, gestion en temps réel de la demande et ajustements automatisés de la production par rapport à l’évolution des prix du marché, elle pourrait avoir un impact significatif dans notre relation à l’électricité. La France, avec son mix énergétique bas carbone, ses acteurs clés de l’électricité, ses experts en IA et ses dispositifs d’accompagnement, est idéalement placée pour devenir un leader de l’électricité flexible et intelligente.

Un investissement dans la flexibilité comme levier essentiel

Emmanuel Macron évoque sa « stratégie Notre-Dame », visant à moderniser l’industrie française à travers des investissements dans l’IA et dans l’énergie. RTE (Réseau de transport d’électricité) vient ainsi d’annoncer un plan de 100 milliards d’euros sur 15 ans pour adapter le réseau électrique aux défis de la décarbonation et de la réindustrialisation. En parallèle, 109 milliards d’investissements privés sont attendus dans l’IA d’ici 2031. « Plug, baby, plug » ? Oui, mais sans un investissement majeur dans la flexibilité et la digitalisation du réseau, cela reste une illusion.

Romain SERRES

Co-fondateur & CEO de Tilt Energy,

Guillaume LOUAT

Co-fondateur de Tilt Energy

Thomas BAJAS

CGO de Tilt Energy

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